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Art - Page 11

  • Quand le Chemin du Pape fait dans la dentelle

    chemin du pape

    Photos J-P et M-F Cnocquart

    En 2008, une exposition intitulée « Arsenic et vieilles dentelles » se trouvait en place à la bibliothèque municipale. Noëlle Danjou proposait de découvrir une collection privée de dentelles anciennes rassemblée avec passion par Evelyne Fascioda, alors citoyenne chalabroise. Du temps a passé, jusqu’à ces derniers étés et l’arrivée de dentellières, occupées à pourvoir aux décors du festival Chalabre en Sérénade. Louables activités, certainement inspiratrices d’un hiver qui n’avait depuis longtemps été aussi rigoureux.

    chemin du pape

  • Des quais de la Garonne à la chapelle du Calvaire, avec François Vidalat

    françois vidalat,martine rouche,chapelle du calvaire chalabre

    Philippe de Champaigne, Les Ames du Purgatoire

    ┬®Musée des Augustins

    En septembre 2018, en un lieu qui avait accueilli jusqu’en 1840 Jean-François Vidalat, ermite de la chapelle du Calvaire, Martine Rouche, guide conférencier et passionnée de patrimoine, proposait d’aborder la vie et l’œuvre de François Vidalat, peintre en piété et photographe. Ce dernier, né en 1836 à Chalabre et neveu de l’ermite, est l’auteur de plusieurs tableaux ornant la chapelle. A la faveur de ses recherches, et par le biais du texte qui suit et de ses illustrations, Martine Rouche démontre comment il est permis d’attribuer un nouveau tableau au peintre François Vidalat :

    « La Chapelle du Calvaire de Chalabre a été un point de départ pour mon travail de recherche sur le peintre photographe François Vidalat, avec l’aide de l’association Ensemble pour le Calvaire. Le dernier ermite connu s’appelait précisément François Vidalat… À partir de l’acte de décès du vieil ermite, on pouvait recomposer une généalogie, en supposant que les deux François Vidalat fussent apparentés.

    Peu après avoir quitté l’ermitage, (Jean) François Vidalat, ermite, âgé de 77 ans, meurt dans sa maison, à Chalabre, le 3 décembre 1849. Ses parents sont feu Joseph Vidalat, charpentier, et feue Marianne Benet. Le couple a douze enfants dont Isaac et Jean François (29 octobre 1772). Isaac sera le grand-père du peintre François Vidalat, Jean François sera son grand-oncle, ermite.

    Isaac Vidalat, gypsier (artisan plâtrier et sculpteur en gypserie), épouse Marie Amiel. Le couple a quatre enfants dont Jean Joseph (20 brumaire an 9, 11 novembre 1800) qui sera le père du peintre. Jean Joseph Vidalat épouse Jeanne Ferrasse. Le couple a cinq enfants  dont Jean François (5 octobre 1836), dit François Vidalat, qui deviendra peintre, puis photographe, à Narbonne, puis à Clermont-l’Hérault.

    François Vidalat est à Paris en 1859, comme l’indiquent les deux ex-voto de Vals (Ariège) et l’un des tableaux de la Chapelle du Calvaire de Chalabre. Curieusement, il est ensuite étudiant à l’Académie royale des Beaux-Arts de Toulouse en 1862, et vit rue du Poids-de-l’huile. A part une mention de François Vidalat au cours de dessin d’après l’antique, il  n’y a pas d’autre trace de ses études dans les archives de l’I.S.D.A.T. (Institut Supérieur des Arts de Toulouse), ancienne Ecole des Beaux-Arts.

    Son parcours le mène ensuite à Narbonne, où il ouvre un studio de photographe, puis à Clermont-l’Hérault, pour la même activité. Il se marie, a des enfants, puis meurt dans un hôpital de Montpellier le 30 juillet 1918. Les quelques tableaux que l’on trouve de lui sont au nombre de trois à Vals, et trois à Chalabre, tous signés et datés.

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    Jésus au Jardin de Gethsemani, Chapelle du Calvaire, Chalabre

    ┬®MR

    Le tableau qui nous intéresse ce jour est « Jésus au jardin de Gethsémani », signé et daté de 1862. François Vidalat a vingt-six ans, et, alors qu’il a déjà peint au moins les deux grands ex-voto de Vals à Paris en 1859, sans avoir fait d’études d’art, il s’installe cette année-là à Toulouse et peint cette toile particulière, avec Jésus et l’ange en gros plan. C’est forcément une copie complète ou partielle d’un tableau de maître, et où les étudiants de l’Académie royale des Beaux-Arts de Toulouse vont-ils chercher des modèles ? Au Musée des Augustins, non loin de leur école.

    Dans ce musée, depuis peu après la Révolution, figure un grand tableau de Philippe de Champaigne, intitulé Les Âmes du Purgatoire (photo ci-dessus). Si l’on compare les deux tableaux, on voit que François Vidalat a copié Philippe de Champaigne et prélevé simplement les figures de Jésus et de l’ange, qu’il a extraites du reste de la scène, supprimant les Âmes du Purgatoire en bas, et Jésus triomphant en haut. Il a conservé la position des bras, les visages, l’un serein, l’autre tourmenté, et les ailes repliées. Un étudiant en art se doit de se rendre dans les musées pour copier les maîtres prédécesseurs mais peut interpréter à sa façon.

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    Chapelle de la Confrérie des Ames du Purgatoire, Notre-Dame de la Daurade, Toulouse

    Coïncidence : dans la chapelle de la Confrérie des Âmes du Purgatoire, en la basilique mineure de Notre-Dame de la Daurade à Toulouse, est visible un grand tableau représentant les Âmes du Purgatoire. Il est inséré dans un retable en marbre, au-dessus d’un autel privilégié. Son cartel dit sobrement : « Huile sur toile, XIXe siècle, d’après Philippe de Champaigne » . Cela signifie que le peintre copiste n’est pas identifié. En comparant avec le tableau de Philippe de Champaigne, on voit que le copiste a conservé la partie inférieure (les Âmes), la scène intermédiaire (Jésus et l’ange au Jardin de Gethsémani), et modifié la partie supérieure. Il a déployé les ailes de l’ange vers le haut pour occuper un espace médian…

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    En conclusion, il semble fort plausible et fort séduisant d’envisager que François Vidalat pourrait être l’auteur du tableau de Notre-Dame de la Daurade puisqu’il vivait à Toulouse en tant qu’étudiant, et qu’il a peint un « extrait » de la même scène en 1862, ce tableau ayant été offert à la Chapelle du Calvaire par la famille de Joseph Vidalat, comme indiqué au bas de la toile ».

  • L'art du canivet s’expose  à la bibliothèque

    bibliothèque chalabre,anne-marie millet

    L’exposition « L'art du canivet revisité ou la dentelle de papier », proposée par Anne-Marie Millet est  visible jusqu’au mardi 31 janvier dans les locaux de la bibliothèque municipale. L’occasion de découvrir également de très jolies et originales cartes en dentelles de papier, pour envoyer vos vœux ou pour toute autre occasion (photo).

    Site de l'artiste   canivetsdelumiere.blogspot.com

  • Pierres singulières sur le massif du Saint-Barth

    claudius de cap blanc,st barthélémy

    Massif de Tabe, ancienne carrière de la Porteille

    Photo archives, Août 2011

    Au mois d’août de l’année 2011, trois randonneurs du Kercorb reprenaient leur bâton de pèlerin, direction Montferrier, la ferme du Ramier, et l’ancienne mine du Fangas. Sac au dos et béret vissé sur la tête, la cordée se proposait de rallier le pic Saint-Barthélémy, via les lacs. Le fameux Trou du Vent menant à l’ancienne carrière de la Porteille était rapidement atteint, mais arrivé à hauteur de la vieille machine à vapeur, vestige d’une exploitation de talc datant de 1896, l’attention de Daniel, premier de cordée, était attirée par un étrange alignement de pierres (photo ci-dessus). Le trio revenait sur ses pas, un peu contraint, pour découvrir un épigraphe gravé sur dix-neuf pierres, posées à même le sol et surmontées d’une pierre vulvaire. A la lecture, nul doute n’était permis, les Chalabrois étaient en présence d’un « Monument aux Vivantes ».

    claudius de cap blanc,st barthélémy

    Photo archives, Août 2011

    Renseignements pris dès le retour à la base, 3 cours Docteur Joseph-Raynaud, il apparaissait d’abord que cette structure était l’oeuvre d’un collectif ariégeois, signataire d’une lettre envoyée aux élus des 332 communes ariégeoises, sollicités afin d’accueillir sur leur sol, un monument dédié à « L’autre moitié de l’Humanité ». Visiblement confronté à une fin de non-recevoir, ce collectif avait décidé d’ériger en juillet 2011 et sur une friche industrielle ayant produit par le passé 100 000 tonnes de talc, son « Monument aux Vivantes ».

    Plusieurs hivers viendront blanchir ces pierres, et à la faveur de veillées au coin du feu, l’identité réelle du créateur de l’œuvre posée à 1600 m d’altitude viendra à être connue. Depuis 2007, et après avoir assisté à une conférence de Jean Clottes, le sculpteur Claudius de Cap Blanc, pseudonyme de Jean-Claude Lagarde, peint, dessine et grave en pleine nature, le plus souvent en montagne (sur des rochers, des arbres, des abreuvoirs, des pierres), le signe stylisé d’une vulve (deux demi-cercles et un trait central). Des centaines et des centaines de signes et de pierres auront ainsi été gravés et déposés par notre « vulvographiste », la plupart en Ariège, et en 2017, 1867 signes gravés et 1213 pierres seront dénombrés, qui parsèment la montagne de signes sacralisant le féminin.

    claudius de cap blanc,st barthélémyCes dernières années, et aux abords du Prat d’Albis, un lieu qui parle aux amateurs de vélo, Claudius de Cap Blanc (photo) avait entrepris la construction du « Jardin du vulvolithique », sur un site qu’il avait nommé « Béthylac ». Mais en juillet 2022, l’ONF propriétaire du site l’avait mis en demeure de remettre le site naturel en état, de tout démonter et de tout évacuer. Puis, en octobre dernier, le jardin avait été saccagé à la hache et à la peinture. C’est au pied de ce jardin que le corps de Claudius de Cap Blanc a été retrouvé par des randonneurs, en ce 11 novembre 2022, une arme et une lettre à ses côtés.

    Comme tout artiste, Claudius de Cap Blanc avait de nombreux partisans, il avait aussi de nombreux détracteurs, et cela est un autre débat. Mais en ce 28 décembre 2012, Thierry, Philippe et Titou s’étaient recueillis devant le Monument aux Vivantes du Saint-Barth, en partie recouvert par la neige. Comme s’ils avaient voulu percer le mystère de la puissance évocatrice de trois traits, « symbole mis sous cloche par des millénaires de civilisation patriarcale » (Claudius de Cap Blanc).

    claudius de cap blanc,st barthélémy

    La cordée chalabroise devant le Monument aux Vivantes

    Photo archives, 28 décembre 2012

    Un dernier hommage a été rendu à Claudius de Cap Blanc, le mercredi 30 novembre dernier. L'occasion de rappeler l'existence du Musée de l'Affabuloscope, dont il est également le créateur, et qui peut être visité au Mas d'Azil.

    Lien vers le site : https://museeaffabuloscope.fr/

    Et au gré de la visite, une question qui ne manquera pas d'interpeller l'ami Raymond, Ariégeois lui aussi.

    claudius de cap blanc,st barthélémy