Un à un, les « arrossegaïres » s’élancent depuis la maison commune.
Au rendez-vous du 13 décembre, manqué en 2017 et 2018, petits et grands étaient venus faire étinceler le pavé dans la nuit noire d’un vendredi dédié à la tradition. Trois siècles, quatre lustres et deux années après la mort brutale de Jacques Fleury, les « arrossegaïres » (tireurs de traîneaux) étaient là, criant à tue-tête de vibrants « Vei fan les ans que tueron Fluris ! ».
Les plus petits, et peut-être les plus perplexes, se demandant qui était donc ce Fluris, dont le nom était scandé à chaque angle de rue. Certes, les plus anciens le présentaient comme un contrôleur à la chambre à sel de Montpellier, qui se serait trouvé nez à nez avec la faucheuse, en une froide nuit de Ste Luce. Un employé modèle Monsieur Fleury, mais qu’allait-il faire rue Porte d’Aval, en ce 13 décembre 1697 ?
Qu’importe car au final, les rues de la bastide vont renvoyer l’écho d’un joyeux et tonitruant cortège, avant qu’une vision spectrale venue depuis la rue Saint-Antoine, n’apparaisse dans un halo irisé par la pluie. Fluris, maître du mystère, venait se mêler au flot des « arrossegaïres », honorant le carton d’invitation reçu pour l’inauguration d’une stèle à sa mémoire. Ce mystérieux revenant, enveloppé dans un suaire tricentenaire et assisté par Michel Brembilla, président de l’association Il était une fois Chalabre, a dévoilé une stèle destinée à pérenniser le charivari de Fluris. Autour de ce granit gravé et dressé par Jérôme Escande, assisté de Cédric Courdil et Bernard Sariège (services techniques municipaux), un dernier « Vei fan les ans que tueron Fluris ! » a résonné. Puis la vieille halle aux blés, et les rues de la bastide, ont été rendues à leur tranquillité, tandis que des bambins flapis troquaient un traîneau pour une soupe chaude. Il faut imaginer Fluris heureux.
Un mystérieux revenant a dévoilé la stèle
Mirela Vasile, artiste roumaine et partenaire de la galerie Poem, ouverte au n° 20 du Cours Docteur Joseph-Raynaud, invite à découvrir sa première exposition personnelle en France, intitulée Lumière courbe ! Toutes les œuvres ont été réalisées en 2019, et le fait que cette exposition se déroule au passage d'une année vers l'autre apparaît symbolique pour Mirela Vasile : « Elle exprime ma nouvelle voie artistique dans un lieu créatif, notre région du Kercorb. Il existe en Roumanie une superstition selon laquelle la dernière nuit de l'année, reflète celle qui vient. Si elle vous trouve avec de l'argent dans votre poche, vous serez riche toute l'année ; si vous êtes avec un être cher quand le gong frappe au milieu de la nuit, vous serez ensemble toute l'année. Ainsi, je sens que cette exposition personnelle qui s'offre à moi, ouvre une année heureuse et féconde sur le plan artistique ».