« Ni guerre, ni épidémie, ni occupation n’ont pu interrompre cette bruyante commémoration. Par le seul pouvoir d’une tradition si lointaine et pourtant tellement présente qu’elle réduit le temps à un instant de vie, je me vois sans effort marchant dans les rues de Chalabre au milieu des milliers d’enfants qui au cours des siècles se sont retrouvés dans cet étrange et tonitruant cortège ». Cette évocation de « Fluris », dont l’auteur est bien sûr Chalabrois, est extraite du discours prononcé par M. le substitut général Roger Boutellier, lors de l’audience solennelle de rentrée à la cour d’appel de Toulouse. C'était le 3 janvier 1985. En ce mois de décembre 2020, la tradition va passer son tour.
L'article mis en ligne avait été publié dans l'Indépendant, édition du dimanche 12 décembre 2010.
Un bruit sourd et angoissant va monter crescendo dans les rues de la cité (photo archives, 13 décembre 1997).
En ce lundi 13 décembre, jour de Ste Luce, les rues de Chalabre vont s’animer à l’occasion de la 313e célébration de la mort violente de Jacques Fleury, victime d’une mauvaise rencontre au soir du 13 décembre 1697. Inscrit dans la mémoire collective sous le nom de « Fluris », l’homme alimente une polémique vieille de trois siècles, que chaque mois de décembre ressuscite : « Monsieur Fluris, qu’alliez-vous faire dans la rue Porte d’Aval ? ».
Car plus de trois cents ans ont passés, et personne ne sait vraiment qui était Jacques Fleury. Prêtre, braconnier, collecteur d’impôt, une chose est certaine, l’homme aurait séduit une jolie veuve de bonne famille. Cette infamie lui aurait-elle été fatale ? Depuis lors, des générations de Chalabrois se retrouvent en « un tonitruant et pacifique cortège », pour reprendre l'image de Roger Boutellier, qui pour exiger une réhabilitation posthume, qui pour ajouter une bûche supplémentaire dans le feu qui brûle en enfer.
Photo archives, Fluris 1999
Josépha Mamet, Bastien Garcia, Yannick Bernard, Morgane Fugère, Brice Garcia
Comme l’indiquent les affichettes qui ont pu fleurir sur les murs du village, les « arrossegaïres » ont rendez-vous ce soir à 18 h 30 sous la halle. Pour faire du bruit, beaucoup de bruit, seulement du bruit, car « Vei fan les ans que tueron Fluris ! » Et comme dit l’ami Robert, « Asclaïres, s’abstenir ».
Photo archives, Fluris Décembre 1993
Debout : Gilles Courdil, Eric Sanchez, Michel Sanchez, Mickaël Guirao, Delphine Guirao.
Accroupis : Florence Tur y Tur, Albanie Horte, Emilie Tur y Tur, Virginie Ferrier, Laetitia Planas, Mélanie Discala.