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Patrimoine - Page 13

  • C'était hier : Le canal s'offre un petit sursaut d'orgueil

    L'article mis en ligne avait été publié dans l'Indépendant, édition du jeudi 15 janvier 2004.

    Canal Janvier 2004.jpg

    Pour quelques heures, le canal a retrouvé un peu de son débit d'antan

    Photo archives, Janvier 2004

    C'était à l'heure où les chalabrois scrutaient avec inquiétude la montée des eaux du Blau, de l'Hers et du Chalabreil grossies par les pluies diluviennes. Au pied du Cazal, le vieux canal en profitait pour refaire son lit, comme à la belle époque. Un canal oublié de tous et qui n'avait été à pareille fête depuis bien longtemps. Normal dans ces conditions qu'il profite de l'occasion pour se rappeler au bon souvenir des gens du Kercorb. C'était dimanche dernier et les souvenirs qui glissaient au fil d'une eau un peu trouble, ramenaient vers ce temps où la cité chalabroise fourmillait de petites industries. Chapellerie, chaussure, peignes en corne, autant d'activités qui étaient intimement liées au débit d'un canal dérivé de l'Hers, prenant sa source près de l'ancien camp d'internement de Rivel.

    De mémoire de supporter, ce bon vieux canal n'avait pas entraîné d'aussi bruyants rouleaux depuis belle lurette, depuis un temps aujourd'hui révolu où il était fréquent d'entendre fuser depuis le bord de la touche, de tonitruants « L'arbitre au canal ! ». Il faut dire que certains inconditionnels de l'USC XI ou de l'USC XV savaient trouver les mots qu'il faut, ne serait-ce que pour aider un homme alors en noir, et bien seul à l'heure de prendre une décision.

    Véritable ouvrage d'art livré à l'abandon, le canal ne veut pas mourir et ramène à la surface les projets de restauration régulièrement évoqués par les élus. Dans le cadre de la préservation du patrimoine en pays chalabrais, il est permis d'espérer que sa force motrice puisse relancer un jour la roue à aube d'un moulin à farine qui résonne encore des voix de Jean Caseneuve et d'Augustin Maugard.

  • Les cloches de Saint-Pierre à l'arrêt

    église saint-pierre chalabre

    Au mois d'octobre dernier, l’entreprise Acrobatic Clean était intervenue sur le site de l'église Saint-Pierre, avec une équipe de cinq grimpeurs, aux fins d'un nettoyage complet de l’édifice. Avec notamment la dévégétalisation complète du clocher, de sa flèche, et de l'ensemble des toitures.

    L’intervention de ces cordistes devant permettre d'établir un diagnostic concernant les désordres structurels constatés sur le vieil ouvrage. Avec une première mesure amenée à être prise en ce mois de janvier, concernant les cloches. En raison des vibrations qu'elles engendrent, l'angélus de midi et l'angélus du soir ne vont plus sonner, et ce jusqu'à nouvel ordre.

    église saint-pierre chalabre

    Photos archives, Août 2020

  • C'était hier : Aristide « le brulou de vi » est de retour

    L'article mis en ligne avait été publié dans l'Indépendant, édition du samedi 3 janvier 2009.

    aristide peyronnie

    Aristide Peyronnie surveille « la blanche » qui sort du serpentin

    Photo archives, Décembre 1994 à Villefort

    Ce jour-là, Justin Canal présent sur les lieux avait assuré  l'éclairage, à l'aide d'une lampe

    Il est l’un des derniers distillateurs à faire bouillir un alambic, Aristide Peyronnie émigre année après année depuis son Couserans natal pour venir à la rencontre des bouilleurs de cru du pays chalabrais. Accompagné de sa drôle de machine, notre alchimiste prend d’abord position sur le chemin des Martres à Sonnac, puis au bord du Blau à Villefort, il remontera ensuite la vallée vers Puivert, ultime étape avant de rallier le Pays de Sault et Roquefeuil. Et ainsi de décembre à février, exposé aux quatre vents, Aristide scrute ce petit flotteur calibré semblable à un thermomètre, qui lui permet de contrôler au degré près la qualité d’une fine qui fera à coup sûr le bonheur des amateurs.

    Intervention délicate et qui ne présente aucune difficulté pour Aristide, distillateur ambulant depuis 1950 et originaire de Massat, petit village ariégeois au pied du col de Port. En 58 ans de métier, Aristide se souvient d’avoir perdu deux saisons tout au plus, en 1954 et 1955, lorsque son statut de conscrit l’avait emmené vers les rivages de l’Afrique du Nord. Notre « brulou de vi » a vécu la lente évolution des habitudes, depuis 1950 lorsque la croûte de marc sec était distillée par ses soins à Rouvenac, pour les Villefortois et les Puivertains notamment, jusqu’à ce que les vignes disparaissent du décor. Les prunes, les pommes et autres fruits remplaceront alors pépins et peaux de raisin dans la « cucurbite » (bouilloire).

    Trêve du Nouvel An oblige, Aristide et sa machine à remonter le temps ont interrompu un art qu’ils exercent au premier degré. Entracte durant lequel les connaisseurs ne vont pas manquer de goûter à des arômes aussi riches que variés, et que d’aucuns appellent «riquiqui ».

    Retour à présent sur une visite que les élèves de l'école Louis-Pergaud avaient effectué auprès d'Aristide, quand l'alambic faisait escale à Villefort. C'était au mois de décembre 1985 et les écoliers étaient accompagnés par Thérèse Carcy et Jean Plauzolles, leurs enseignants. 

    aristide peyronnie

    Aristide Peyronnie va contrôler la qualité de la fine

    Photos Jean Plauzolles, Décembre 1985

    aristide peyronnie

    Petit Louis et son voisin mettent a main à l'ouvrage

    aristide peyronnie

    La classe de Louis-Pergaud rassemblée aux abords du pont sur le Blau. Au second plan, les ruines du Casteillas 

  • Le temps a poussé les pierres

    louis jouret

    Au bord du vieux canal, un vestige de l’artisanat chalabrois

    Cette bâtisse en ruine qui jour après jour a modifié sa silhouette en silence, fut entre 1920 et 1940 l’atelier Jouret, du nom de Louis Jouret, quincailler et épicier sur la place du marché.

    Dans le Tome V édité en juillet 2000 par l’association « Il était une fois Chalabre » et sous la plume de Maurice Rouzaud, il apparaît que Louis Jouret, Puivertain d’origine, fabriquait là des manches de couteau en corne avant d’y monter les fameuses lames du Puy-de-Dôme, venues de Thiers.

    louis jouret

    Le délicat assemblage était réalisé dans un local de la Traverse de la Halle grâce au savoir-faire de François, Joseph et Guy Huillet, mais la bâtisse évoquée aujourd’hui se trouve route de Lavelanet, juste au pied des Genêts, après le petit pont de pierre. Ce bâtiment annexe à l’écart du village et pour cause, permettait le recyclage des rebuts après usinage de la corne, activité plutôt incommodante, étant donné l’odeur particulièrement tenace dégagée par le traitement de la matière première : « les déchets de corne de mouton et de bœuf étaient concassés et servaient à faire de la « cornaille », utilisée comme engrais. Une turbine lancée par la force motrice des eaux du canal permettait d’actionner machines et courroies, les vestiges du canal et l’emplacement de la turbine sont encore visibles ».

    Les temps changent, la corne autrefois abondante a hélas cédé la place au plastique, mais les vieilles pierres fatiguées ont depuis refait leur vie quelque part sur les hauteurs du vieux Chalabre.

    louis jouret

    Photo archives, juillet 2021